Claude arrosait ses harengs d’un filet d’huile d’olive quand il entendit cogner trois coups. Il suspendit son geste, l’oreille aux aguets. Les battements d’un volet mal attaché? La branche du tilleul fouettant la vitre de sa chambre? Le pic, en pleine chasse aux vers ? Non, il le connaissait bien ce bruit-là. Quoi ? Il ne se pouvait qu’un visiteur se hasardât jusque chez le peintre dont la maison semblait une frêle barque échouée en plein vent, que ballottait la houle des hautes herbes de la lande, pour frapper à sa porte. Aucun moteur ronronnant, aucun crissement de pneus ou de pas sur les graviers du chemin, n’avait de longue date troublé le silence des lieux. D’ailleurs, le téléphone sonnait rarement. Il s’assit à table, dans la salle à manger jaune d’or attenant à la cuisine, et déplia sa serviette. La lumière du printemps, les rayons du soleil filtrés par les ramures des arbres, jetaient des reflets mouvants sur les estampes japonaises que sa femme avait patiemment collectionnées. Claude sursauta : trois coups frappés nets ébranlèrent cette fois la maison. D’un pas hésitant, il se dirigea vers l’entrée. Une silhouette claire, aux contours flous, se détachait sur la vitre opaque de la porte. Il ouvrit.
L’homme se présenta : Monsieur Urbain, épicier enrichi. Il désirait parler à Claude, lui parler affaire, une affaire d’hommes, précisa-t-il d’une voix forte, l’œil luisant derrière le monocle. Une affaire qui allait certainement l’intéresser. Claude secoua la tête : ses peintures n’étaient plus à vendre depuis que, dans un reportage du journal télévisé, il avait aperçu l’une d’entre elles orner le bureau du directeur général d’une multinationale d’armement. S’il acceptait à la rigueur que ses œuvres devinssent le prétexte dominical d’amateurs réunis en troupeaux de critiques sans goût sur le parquet craquant des musées, il refusait absolument l’appropriation privée de son art et ne soutiendrait jamais, même à son insu, le commerce des canons, ces engins d’argent et de sang qui décimaient régulièrement la jeunesse d’Europe. Lui vivant, aucune toile ne sortirait plus de sa maison! Il y eut un procès, que Claude perdit ainsi qu’un gros pécule et beaucoup d’énergie. Mais le marchand d’art, magnanime, accepta néanmoins de respecter le désir du peintre et ne vendit plus qu’en secret, quelques rares toiles anciennes, de moins bonne facture, aux amateurs de province, réservant en son grenier les meilleures œuvres à la concupiscence des grandes fortunes, qui attendaient tranquillement leur heure tandis que la cote du peintre d’en finissait pas de grimper et que l’artiste, ruiné, solitaire et grognon, se muait en vieux fossile.
Monsieur Urbain, d’un geste vague, promit qu’il ne s’agissait pas des tableaux. Claude fit asseoir le visiteur, qui tira sur son veston de lin pour en lisser les plis. D’un bougonnement, le peintre lui proposa de partager son repas. Mais l’autre n’accepta qu’un ballon de vin frais. Claude, sans plus de cérémonie, entreprit de déjeuner.
L’homme aux roseurs maladives, au cou gras débordant du faux-col amidonné s’épongeait le front à l’aide d’un grand mouchoir de coton fatigué. Par la fenêtre entrebâillée, on entendait à peine le froufrou des feuilles du tilleul agitée par le vent et le criquet rappant la chaleur en rythme, parmi les herbes jaunes. Un moment silencieux, fasciné par l’élan vigoureux de la fourchette, de l’assiette à la bouche du peintre, il soupira enfin: « ce bruit ! Le bruit de la ville! Voilà. Un bruit tel que le calme de la campagne ne peut l’imaginer! C’est une rumeur perpétuelle, un grondement sourd qui ne cesse jamais, secoué de pétarades, creusé de vrombissements aigus, amplifié par le bourdonnement des hélicoptères de surveillance tournant sans répit au-dessus des faubourgs. Voilà. Même au cœur de la nuit! Impossible de dormir à cause du bruit. On ne peut fermer l’œil! À peine avez-vous, après de longs efforts, trouvé le sommeil qu’un engin motorisé vous réveille en sursaut et vous restez, voilà, le souffle coupé, les yeux grands ouverts dans l’obscurité, guettant l’aube et les premiers claquements de porte. Vous tâtonnez jusqu’à la fenêtre, dans le noir et sur la pointe des pieds pour ne pas déranger votre femme, vous espérez recouvrer le calme dans la contemplation des lumières de la ville. Mais voilà, partout ce ne sont que grues enroulant leurs câbles sur des poulies qui grincent, néons criards, trains hurlant, jetés à toute vitesse entre les immeubles, tramways chahutant leurs essieux mal graissés sur les pavés des rues. Ah, Monsieur Claude! Si vous entendiez le frappement secs des sabots ferrés des chevaux, traînant les carrioles à ordures sur l’asphalte à six heures du matin. Voilà! Vus du dernier étage de ma tour, la plus haute tour, la tour la plus moderne, la mieux insonorisée de la ville, vus de la-haut, bien sûr, ce ne sont que scarabées inoffensifs, fourmis toujours inquiètes, cirons hyperactifs, quasi imperceptibles à travers la brume des gaz d’échappement. Qui se douterait que ces êtres à peine visibles, ces microbes se débattant dans la poussière, produisent un tel raffut? Monsieur Claude, le bruit infernal de la ville m’est devenu insupportable, voilà. Et madame ma femme, cette fleur fragile, s’étiole dans l’air raréfié des voies périphériques. Il me faut fuir la ville au plus vite, Monsieur Claude, me comprenez-vous?
Claude, qui versait du café chaud dans deux tasses dépareillées, opina du chef. Il n’avait pas quitté la ville trente ans plus tôt sans raison. Il posait le sucrier sur la table quand le pivert fit entendre son tapotement têtu. Monsieur Urbain sursauta, puis, essuyant compulsivement le verre du monocle, offrit à Claude de lui acheter, sur le champ, sa maison.
*
La brosse frottait la toile, couvrant le lin d’une couche de ce nouveau blanc de titane, éclatant et solide, dont son marchand de couleurs lui avait offert plusieurs échantillons. Claude s’était installé à l’ombre des feuilles veloutées du tilleul, rondes et dodues comme des paumes d’enfants verts. La chaleur perçait le voile fumeux des nuages qu’il s’appliquait à saisir dans leur mouvement paisible de lamantins des ciels. Cinquante ans qu’il cherchait à capter la vérité des nuages! Un demi siècle d’hésitation entre la nuée vaporeuse, informe, du poète et la délinéation météorologique, le rapport d’une précision scientifique. Autrefois, une branche tendue, un oiseaux volant au ras des bosquets, la ligne lourde de la terre au lointain horizon amarraient encore l’éther au monde d’ici-bas. Mais, peu à peu, le regard de Claude s’était libéré des contingences terrestres, avait pris de la hauteur, et la nuque douloureuse, les yeux brûlé de lumière, il avait exploré toutes les nuances de bleus et de blancs, apprivoisés tous les gris. Il avait peint des cieux rouges, sanglants comme des champs de bataille, où se mourraient mollement des cirrus déliquescents. Des monochromes neigeux, de format gigantesque, exhalaient les frissons émerveillés de l’écolier aux premiers flocons de noël. De noirs firmaments aux étoiles éteintes charriaient des vapeurs plus sombres encore. Depuis que Claude perdait la vue, l’aspect brumeux de ses œuvres s’était nettement accentué, le bleu virait au vert, toute ressemblance avec ce que le commun des mortels appelait nuage s’était progressivement effacée de la surface des toiles, tant et si bien que les rares visiteurs autorisés à pénétrer dans l’atelier repartaient l’œil pétillant et la moustache humide, fiers d’avoir décelé une rupture majeure dans l’œuvre du vieux maître, et le renouvellement complet de son art dans la représentation inattendue de nymphéas. Claude essuya ses pinceaux. Le ciel s’était brusquement couvert. Les premières gouttes d’une ondée qui s’annonçait violente dessinaient des pastilles sombres sur les graviers de l’allée. Le crépuscule envahissait le jardin de ses ombres géantes. Claude replia son chevalet et se hâta vers la maison.
La bâtisse toujours fraîche, telle une éternelle fiancée, sereinement allongée sur la terrasse en léger surplomb, insensible aux assauts de l’averse assombrissant le toit d’ardoises, alignaient paisiblement ses volets, dans l’ignorance de la proposition dont elle avait fait l’objet. Les volutes de vigne vierge pointaient des bourgeons éclos en minuscules pattes d’oiseaux rougissantes, bientôt épanouies en un large camaïeu de verts, qui couvrirait d’un frémissant manteau plumeux la nudité de la chaux blanche. Claude frissonna, entendant presque l’escalier de bois gémir sous les souliers cloutés de l’épicier et le lourd fessier de l’épicière, qu’il pressentait énorme, comme le toupet de son mari. Ces citadins exilés à la campagne sur un coup de tête ne seraient pas longs à trouver le calme pesant, le gallinacé insupportable, le compost infect et puant. Devant Monsieur Urbain, Claude, curieusement, ne s’était pas fâché : il y avait tant de fermes abandonnées sur la lande, de modestes bicoques certes, mais aux vieux murs de pierres encore solides, bonnes à retaper pour les siècles à venir. Monsieur Urbain l’avait arrêté d’un toussotement nerveux : il était pressé, il ne voulait entendre parler, voilà, ni d’architecte, ni de maçon, ni de peintre, mais emménager sur le champ. Monsieur Claude, malgré tout le respect qui lui était dû, vieillissait, voilà, et ne pourrait encore bien longtemps vivre seul, ici, dans cette maison isolée, loin de son fils qui l’aimait. Son prix serait le bon, l’important était de conclure au plus vite et voilà. Claude avait reconduit l’épicier à la porte, l’orgueil un peu écorné tout de même, car Monsieur Urbain n’avait jeté aucun regard ni sur les précieuses estampes japonaises, ni sur les toiles de Claude qui tapissaient les murs. Seul le vieux puits désaffecté de la cour où somnolaient grenouilles et grasses araignées, avait retenu l’attention de l’épicier, qui semblait considérer le peintre comme un vieillard ordinaire : égoïste et têtu. Grimpé dans un quatre-quatre plus silencieux qu’une tombe, il avait disparu tel un fantôme, derrière le portail rouillé. Depuis, le téléphone avait sonné trois fois sans que le peintre, prudemment, ne décrochât le combiné. Claude posa son matériel dans l’atelier et monta péniblement à sa chambre tandis que la pluie battaient copieusement les vitres. Il se sentait soudain fatigué, angoissé, comme si tout le poids de sa longue vie lui oppressait la poitrine. Il tira les volets malgré les bourrasques. Enfin étendu dans son lit sous un drap de lin frais, il attendit la visite quotidienne du spectre de sa femme, toujours jeune et revêtue de sa robe de mariée qu’elle déboutonnait lentement avant de dérouler sa chevelure noire qui retombait, élastique, au creux de ses reins, et de s’allonger près du vieil homme pour l’embrasser doucement sur ses lèvres fanées. Tranquillisé par le chaste baiser, Claude souffla sa lampe à pétrole, et mourut.
*
Trois jours s’écoulèrent entre le décès de Claude et la découverte de son corps inanimé par un facteur esthète. Le fonctionnaire attentif, qui pratiquait l’aquarelle le dimanche sous les peupliers bordant le ruisseau où son beau-frère pêchait la truite, descendit de bicyclette, s’approcha de la maison étrangement figée dans une immobilité lugubre, y pénétra par la porte sans clé, gravit l’escalier en colimaçon et, sa casquette à la main, découvrit le cadavre sommeillant pour l’éternité dans une chambre en désordre qui commençait à sentir. Comme rien ne le pressait, le préposé entrouvrit la fenêtre, scruta une par une les œuvres du maître, qu’il jugea très surestimées, puis, glissant, en guise de souvenir, une toile de petit format dans sa sacoche, s’en alla trouver son cousin gendarme.
Trois jours pendant lesquels Monsieur Urbain ne resta pas inactif. Apprenant que le fils de Claude, instituteur, végétait dans une école de banlieue, chahuté par les élèves, houspillé par l’inspecteur, et souffrait d’un manque d’argent chronique qui menaçait injustement son mariage avec une demoiselle de bonne famille, Monsieur Urbain alla trouver l’unique héritier qu’il dénicha dans un recoin du Canon, le troquet du coin. Il lui parla, en ami que le peintre invitait souvent à boire un verre de vin frais, de la nécessité de protéger sans attendre l’œuvre de son grand homme de père des spéculateurs malintentionnés, et déjà de penser à plus tard, pour faire, voilà, le moment venu, de la maison de Monsieur Claude un musée ouvert à tous, dans lequel les professeurs émus conduiraient les jeunes esprits pour leur instruction. Monsieur Urbain s’engageait formellement à respecter la volonté du peintre de mettre son art au service du public, voilà, tout en assurant à son fils une rente suffisant à plusieurs vies bien remplies.
Rêveur mais peu imaginatif, le quadragénaire aux tempes grisonnantes, soupira que le père était encore bien vivant! Il siffla le bock que lui offrit Monsieur Urbain, avant de signer, le coeur battant, un document qui ne l’engageait à rien, mais lui permettait de toucher immédiatement une coquette somme. Les deux hommes se serraient la main quand un télégraphiste, maigre et en sueur, fit irruption au Canon et tendit au fils, qui signa pour la deuxième fois, le petit bleu lui annonçant la mort de son père.
*
Le marchand d’art lui chercha bien des noises. Mais Monsieur Urbain, à grand renfort de campagnes publicitaires, su mettre l’opinion publique de son côté. Chacun plébiscita le projet désintéressé de « Maison de Monsieur Claude », ouvert à tous pour quelques sous, et conspua les tractations rapaces du galeriste. Un arrangement fut rapidement conclu et les plus belles œuvres réparties entre les grands musées du monde, les salons des riches mécènes et ceux moins cossus des ministres. Une toile de petit format suscita un moment l’enthousiasme curieux des gazetiers. C’était un joli nuage de pluie flottant, solitaire, dans un ciel d’argent légèrement rosé, qu’un obscur fonctionnaire des postes prétendait avoir reçu des mains du peintre, en remerciement de ses bons et loyaux services. Mais les experts réunis, après de tumultueux conciliabules, s’accordèrent pour attribuer définitivement le tableau à un mauvais faussaire, et le facteur aux abois ne put qu’abandonner, pour une somme dérisoire, l’œuvre qu’il avait volée et dont il ne pouvait certifier l’authenticité qu’en avouant son crime, entre les mains d’un amateur chinois collectionneur de contrefaçons. Le fils de Claude, soudain promu rentier, convola en justes noces avec une autre jeune fille de meilleure famille, plus gironde et plus amusante que celle qu’il convoitait jadis, quand il n’était encore qu’un médiocre instituteur désargenté. Les chicaneries judiciaires réglées, Monsieur Urbain commença les travaux.
On ne comprit pas tout de suite la nécessité de la grue. Pourtant, elle se dressa un matin, fièrement, dans le ciel bleu, rutilante et grinçante, non dénuée d’une certaine beauté froide, presque chirurgicale, contrastant étrangement avec la rusticité sauvage du site. Puis, on vit s’envoler parmi les nuages le toit d’ardoises, léger et délicat comme un oiseau gris, tandis qu’au sol les maçons se mirent à démonter les murs. Alors, on pensa que Monsieur Urbain avait bien raison de déplacer la maison de Monsieur Claude, un transfert de cinq kilomètres à peine, pour reconstruire la bâtisse à l’identique, derrière une butte qui la protégerait des coups de vents destructeurs qui soufflaient sur la lande. Et l’on oublia bien vite cette discrète translation. Le tilleul, replanté avec son pivert, reprit des forces, les estampes et les tableaux leur place exacte sous l’égide pointilleuse d’une experte commissionnée par le ministère des arts. Le lit retrouva ses spectres dans la chambre grise et les casseroles de cuivre brillèrent de tous leurs feux, pendues par la queue aux murs de la cuisine.
L’État fit élargir la route et les premiers cars scolaires purent enfin s’aligner sur le parking, à côté des bus touristiques et des berlines familiales. Les visiteurs, fatigués mais contents, se restauraient dans les diverses auberges typiques où l’on préparaient les harengs à l’huile préférés de l’artiste. Les plus pauvres des pèlerins s’approvisionnaient à la grande épicerie Urbain, sous l’œil bienveillant de Monsieur Claude dont la photographie géante ornait le vaste hall. Dans la maison de l’artiste, on se bousculait entre l’antichambre et la salle d’eau, puis on sortait sur la terrasse, se tordre le cou pour admirer le ciel, et ces nuages qu’il avait tant aimés. Les néons rouges des boutiques de souvenirs, le célèbre phare multicolore qui surplombait la grande épicerie Urbain ne troublaient qu’à peine la blancheur immaculée des cumulus qui glissaient tout là-haut, silencieux, sur l’azur. Les jours de grand beau, au cœur de l’été, quand le ciel n’offrait au regard qu’un vague dégradé bleuâtre, Monsieur Urbain déclenchait la machine à nuages. Aussitôt, dans un raffut assourdissant, de longs cirrus filés comme du sucre s’élevaient dans les airs, voilaient les ardeurs du soleil d’une gaze bienvenue.
Cinq kilomètres plus haut, entourée d’une haute palissade, la parcelle resta longtemps vide où s’allongeait autrefois la blanche maison du peintre, fraîche comme une éternelle fiancée. Des arbustes sauvages, des noisetiers plantés par des écureuils étourdis envahirent le terrain avec les ronces et les fougères. Les lièvres s’y trouvaient à l’abri et les pigeons fidèles vinrent y établir leurs nids. Mais, souvent, des hommes en redingote, portant de lourds maroquins, garaient leur quatre-quatre sur la lande, suivaient Monsieur Urbain derrière l’enceinte de planches serrées, en ressortaient des heures plus tard, l’air grave et satisfait. Dans le lotissement nouvellement bâti, où logeaient les employés de la grande épicerie, il se murmura que le richissime commerçant préparait encore quelque chose, peut-être l’un des ces hypermarchés importés d’Amérique, ou bien un grand manège de chevaux de bois, un parc à thème, un zoo… On s’épuisait en conjectures, quand un jour d’automne, ce qui restait de la lande fut secoué de grondements terribles, la bruyère trembla, les arbres frémirent, secouèrent pathétiquement leur ramures avant de s’abattre sur le sol dans un grand fracas de branches brisées. Les oiseaux, les lièvres, abandonnèrent précipitamment leurs gîtes. Pas de tornade pourtant, ni de séisme, mais un vacarme infernal et des camions de chantier, déboulant à la file, réduisant en miettes la palissade, écrasant tout sur leur passage pour, sans attendre, creuser la glaise à grande pelletées. Alors, on vit le ciel disparaître derrière d’épaisses volutes de poussière noire, et l’on apprit avec étonnement que le ventre de la terre qui avait si longtemps soutenu le corps robuste du grand peintre dont la tête se perdait dans les nuages, portait, profondément enfouie dans ses entrailles, la plus grande réserve mondiale de pétrole.