Beauté secrète

Grues du port du Havre, au loin.
Silhouettes des navires,
dans la vapeur levée de l’océan.
Les sons semblent assourdis,
sauf l’appel grinçant des mouettes.
Les vagues murmurent.
Voici l’enfant.

Un enfant sur la plage est sérieux en hiver.
Les bottes de plastique rouge écrasent les coquillages
échoués en longue bande quand se retire la mer.
L’enfant se penche,
il dit: je te donnerai le plus beau.

Pas ce couteau nacré dont la fragilité déçoit.
Pas cette coquille striée, pas ce chapeau chinois
que la mère nomme patelle, pour l’instruire.
Pas cette palourde luisante et qui baille, bouche vide.

L’enfant se redresse,
vainqueur.
Sur sa paume tendue comme un coussin de soie, repose
la valve ébréchée d’une moule.
Ce noir trésor, beauté secrète.