“Elle se promit de ne plus se laisser aller, elle se jura de vivre, de devenir femme. Elle était pleinement Awa, dressée, verticale à la face du monde.”
Dans une rue en chantier aux trottoirs défoncés vit nue, été comme hiver, Eva, Eve ou Awa, la jeune fille noire, vagabonde, nue et pure face à un monde caniculaire basculant dans la révolte et le chaos. La brisera-t-il ? L’amour sera-t-il une issue, un ancrage?
“Awa ne savait pourquoi sa mémoire se heurtait implacablement aux portes battantes d’une cabine téléphonique qui n’existait plus, et ne voulait pas la conduire au-delà, comme si les lieux les plus éloignés de son enfance lui étaient formellement interdits. Interdit aussi le prénom que sa mère lui avait donné : comment avait-elle pu l’oublier ? Elle se sentait coupable : peut-on se nommer soi-même?”
Juliette Keating, Awa
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Avec les loups mais sans les fées (entretien avec Virginie Symaniec)
Est-il vrai que, pour écrire Awa, tu as commencé par écrire sur la chaleur ? Qu’est-ce qui t’intéressait dans cet exercice ?
Je me souviens du lieu et de l’instant précis où m’est venu le désir, le besoin absolu, d’écrire sur la chaleur et plus exactement, sur la chaleur dans la ville. En plein été, dans la ville de banlieue parisienne où j’habite depuis presque toujours, mais pas en son centre. Dans l’un de ses quartiers limitrophes, je regardais les plaques de rues à la recherche d’une adresse en me demandant où situer sur le plan cette placette que la chaleur avait vidée et si je n’étais pas sortie des frontières communales. C’est ce déplacement excentré dans une ville familière, mais qui me devenait soudain étrangère, méconnaissable, écrasée sous une intense chaleur, qui est à l’origine de l’histoire d’Awa : la sensation physique éprouvée par un corps de femme, déambulant dans la ville caniculaire qu’elle ne reconnaît plus. Lire la suite de l’entretien sur le site de l’éditrice