J’ai tellement enseigné à mes fils l’origine pétainiste de la fête des mères, qu’ils me fuient ce jour-là. Se gardent bien de m’approcher avec un bouquet de fleurs, de crainte d’être reçus comme des suppôts du vichysme, propagandistes du travail famille patrie, des bayrou-retailleaux en gant de velours. Ce faisant, je ne sais quel trauma j’ai provoqué dans la psyché de mes deux garçons qui sont les seuls exploits vraiment réussis dans ma vie. Ça n’est pas particulièrement la fête de mères, mais l’ensemble des réjouissances socialement prescrites qui me pèsent, c’est pourquoi j’ai tant de difficultés à comprendre ceux et celles qui sont si attaché·es aux traditions, aux c’est comme ça chez nous, etc. Cependant, je n’oublie pas de souhaiter une bonne fête à ma mère que j’ai la chance d’avoir encore près de moi, de lui rendre visite, de lui téléphoner en cas d’impossibilité, ou de l’inviter comme aujourd’hui. Je crois pourtant qu’elle n’accorde aucune importance à la fête des mères, non pas à cause de Pétain, mais parce qu’elle considère que le plus beau cadeau pour une mère est que ses enfants aillent bien, soient heureux. Elle m’a transmis cela. L’an dernier, ce même jour, le fils aîné était très malade et le plus jeune en garde à vue, suite à une action écologiste qui s’était soldée par des coups de matraque et son interpellation. Aujourd’hui, si les deux sont en bonne santé et coulent un dimanche tranquille auprès de pseudo belles-mères sympas, tout va bien. J’ai assez de fleurs dans mon petit jardin.
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