Hier, lu un passage de la biographie de Woolf, où l’on voit Virginia se démener pour que son ami TS Eliot puisse se libérer de son boulot alimentaire, à la banque, et se consacrer à l’écriture. Virginia remue ciel, terre et surtout réseaux pour mettre en place un soutien financier, une bourse, ou lui trouver une place de critique littéraire. Ça se passe en 1923, à Londres, 25 ans avant qu’Eliot ne devienne prix Nobel de littérature, prix que Woolf aurait dû recevoir. Sur un site pour bibliophiles argentés, je vois un exemplaire mal en point de The Waste land, parmi les 460 édités et imprimés par les Woolf pour la Hogarth Press, édition originale de 1923 écoulée en deux ans. Malgré les outrages du temps, comme on dit chez les poètes, le livre demeure élégant avec en couverture ce bleu dense, si bien choisi et le cartel du titre sans tape à l’œil. Virginia ne réussit pas à émouvoir ses ami·es quant à la situation du “pauvre Tom”, qui se débrouillera par lui-même pour se faire embaucher dans un journal concurrent du Nation de Keynes dont les Woolf sont proches. Où l’on constate qu’en un siècle tout change pour que rien ne change dans le panier de crabes des petits et grands littérateurs.
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