Dans la vie hors les ministères, hors les clusters d’extrême-droite que sont les lieux du pouvoir, qui sont les Musulman·es pour celleux qui ne le sont pas? Tout simplement nos voisin·es, nos ami·es, des commerçant·es, des membres de notre famille, des collègues de travail, en un mot des proches, que l’on côtoie chaque jour sans que la religion ou l’absence de religion des un·es et des autres soit un sujet. Certain·es sont né·es ici, d’autres ailleurs, qu’importe. La propagande raciste du gouvernement, désignant les Musulman·es comme ennemi·es de l’intérieur, parviendra-t-elle à éroder cette entente tranquille? Oui. Quelques opportunistes y trouveront un avantage, quelques malheureux une vengeance sociale, quelques imbéciles leur fierté comme, sous l’Occupation, ces gens ordinaires s’installant sans remords dans les logements des familles juives déportées, qu’ils ont dénoncées. On sait que les sirènes de la haine et de la ratonnade trouvent aisément des oreilles réceptives, arment les mains qui tuent sur l’ordonnance supérieure qu’elles croient avoir reçue. Aboubakar Cissé n’a pas été assassiné par hasard. On sait aussi que le racisme est tout un, qu’il ne se divise pas. L’islamophobie d’État entrainera de multiples hostilités contre toustes celles et ceux désigné·es comme “autres”, y compris bien sûr ses opposant·es. Si l’appel à la haine vient d’en haut, la résistance s’accomplit en bas, au plus près des amitiés et des solidarités.
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