Alors, ton livre, il marche? La question devient un gimmick entre nous, les auteurices sans notoriété, les cafards dans la terminologie de Tesson. On nous la pose, inévitablement. Alors, ça marche? Mais qu’est-ce que ça veut dire? Ben, tu le vends? Pas toujours demandé par une personne mal intentionnée, non, mais pour avoir l’air de s’intéresser, c’est une manière de parler boulot aux auteurices dont on ne voit pas bien comment iels occupent leurs journées, puisqu’iels produisent des livres il faut les vendre. Pareil si l’on tricotait des moufles, alors ça marche? Déjà 500 000 lecteurs conquis, en lettres géantes sur les affiches publicitaires du métro, pourquoi pas vous? C’est vrai, pourquoi pas nous, et pas 500 000 d’ailleurs, nous sommes des partageuses, quelques milliers chacune nous raviraient ainsi que nos éditrices indépendantes qui font tout ce qu’elles peuvent pour aller les chercher, les lecteurices, dans un marché organisé pour qu’elles crèvent. Alors, ça marche? Évidemment. Le public se rue en masse pour acheter un bouquin qu’il n’a jamais vu nulle part et dont il n’a jamais entendu parler. Je ne sais pas quel genre de réponse est, sérieusement, attendue. Quelquefois j’ose rappeler que ce que je fais, c’est surtout écrire. Alors, tandis que les exemplaires de la dernière parution sont encore chauds et humides d’encre, voici venir l’autre question : et le prochain, il sort quand?

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