Où est-elle, la fameuse tour d’ivoire dans laquelle les écrivain·es sont censées s’enfermer? Ce matin, je reçois d’une personne sympathique une information concernant une résidence d’écriture en Inde. C’est peut-être la réponse à la question. La tour d’ivoire, la coupure avec le monde, le tête-à-tête exclusif avec l’écriture, serait à trouver dans le voyage lointain? Pour ce qui me concerne, je n’y crois pas mais l’Inde, tout de même, c’est curieux. Régulièrement quelqu’une apparaît et me parle de l’Inde, il faut aller en Inde, absolument. Tout lâcher et partir en Inde. Ça fait un peu dix-neuvième siècle, mais c’est tentant pour moi qui n’ai jamais vraiment décollé de la zone sud-est de la banlieue parisienne. À 57 ans Juliette Keating devient écrivaine-voyageuse… Celle-ci est une autre. Mais il faut rêver voyage pour s’intéresser à ce qui se passe ici et maintenant. Je visite mes ami·es rroms, iels se sont équipé·es d’une grande tente, meublée et garnie de tapis imitation orientaux sur lesquels deux poules et un coq s’activent à picorer les miettes. Les Rroms viennent d’Inde, d’après l’histoire de leur diaspora. L’Inde est là, à quelques rues de chez moi mais la tente de mes ami·es n’est pas une tour d’ivoire, c’est le creuset douloureux des noirceurs occidentales.

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Thème : Overlay par Kaira.