Un chaton noir, d’un jour ou deux, étendu raide dans la paume d’une enfant qui le secoue légèrement en demandant s’il est mort, tandis que de petits vers lui dévorent déjà le ventre. État du chaton – et cette phrase que je m’entends prononcer, jette-moi ce bébé immédiatement! État de ce pays, état du monde, état de mon moral quand tout concourt à le tirer vers le bas. On a beau vouloir changer les choses – oh pas le grand soir, ça fait un moment qu’on n’y croit plus – changer un peu les choses dans le sens de ce qu’on considère mieux (moins pire). Mais non, l’époque est à la haute technologie et aux archaïsmes, l’une renforçant la résurgence des autres. Tiens, il paraît qu’une tendance, chez les jeunes (blanc·hes bourgeois·es), est de se convertir au catholicisme, c’est-à-dire de passer du catholicisme de leurs parents (vague lien familial laïcisé), au baptême et à la pratique. On pourrait penser que les crimes d’abus sexuels dans l’Église et notamment sur les jeunes gens des écoles privées feraient fuir, mais non. La papauté homophobe, pas un problème non plus. C’est qu’on a besoin d’une communauté et de traditions, de repères comme dirait le ministre de l’intérieur. Alors on se rabat sur les traditions à portée de main. C’est comme ça chez nous est la réponse imparable aux interrogations de celle qui voit bien que ce qui s’organise là, ça ne va pas, que ça ressemble déjà à un cadavre en décomposition. Le petit chat est bien mort, on aura beau le secouer, ça ne lui donnera que l’apparence du mouvement. Et quand on se veut du côté de la vie? Mais qu’est-ce que c’est, la vie?
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