Pas si lointain, ce temps où nous voyions, dans les réseaux sociaux, un outil puissant entre les mains de celleux qui l’utilisent en vue d’organiser, si ce n’est la révolution, du moins des révoltes anti-autoritaires. Le Printemps arabe, les manifestations en Biélorussie, les Gilets jaunes, je cite de mémoire et incomplètement les mouvements populaires d’importance que les réseaux ont facilités au début de ce siècle. On comprend que le pouvoir sous sa forme prétendument démocratique ou pas, ait eu à coeur de saborder le bidule dynamique, fluide, vif, qui lui glissait entre les mains avec les activistes qui savaient s’en servir pour construire, in real life, des mobilisations et des actions bien concrètes. Voici les trolls en mission, la surveillance, les blocages de comptes, les bidouillages d’algorithmes, etc. En même temps les publicitaires ont envahi les réseaux à tel point que chaque post est maintenant un message commercial, à tel point que nous ne voyons en chaque post qu’un message commercial. Les réseaux semblent tourner sur eux-mêmes en boucle, on sait que des publications sont générées par des robots et likées par des robots. Les commentateurs et commentatrices sincères s’épuisent sous les assaut des trolls ou devant l’absence de réaction à leurs posts que les algorithmes cantonnent dans les oubliettes du réseau, iels s’effacent peu à peu; c’est qu’il faut maintenant supporter en plus la police de l’écriture inclusive et le sabotage du point médian. Seule s’y épanouit le ramassis masculiniste, raciste, fasciste, la lie du politique boostée aux fake news, ce sont des militant·es aussi, des révolutionnaires à leur sauce (rance) et pour moi, pour nous, des ennemi·es. Il nous faut retrouver les échanges en face à face, les réunions en présence vivante, les visages, les voix, redescendre à l’échelle humaine des petits comités, pour renouer les liens réels que les réseaux virtuels ont, en fin de compte, défaits.

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Thème : Overlay par Kaira.