J’écris des billets depuis 2009. Pendant le premier confinement, j’en ai fait une sélection en forme de chronique de la décennie 2010-2020, que Béa Boubé a mis en page en vue d’une publication, sous le titre Aurores cannibales, qui ne s’est pas faite. Cette maquette, je l’oublie la plupart du temps. Par moments, quand l’actualité nous lance à la figure une horreur qui m’en rappelle d’autres, je l’ouvre. Scripta manent tandis que ma mémoire est floue et ses repères confus. Une idée, à laquelle je m’accroche parce que je crois qu’elle est juste, c’est que le racisme est un, il ne se divise pas, que la haine de l’autre pour son identité, pour son appartenance à une communauté quelle qu’elle soit, c’est la haine d’autrui, de toustes les autres. Il y a douze ans, l’antisémitisme de Dieudonné (qui s’est dit très ému du décès de Le Pen) était flagrant, mais ne venait pas seul. La construction politique d’ennemi·es intérieur·es, indispensable au pouvoir autoritaire fascisant, progresse. La haine d’autrui s’insinue dans certains esprits, enflamme des tripes, guide des mains qui se saisissent d’un couteau, elle assassine. L’islamophobie ouvertement assumée de celleux qui sont au pouvoir aujourd’hui est aussi un antisémitisme, un antitsiganisme, une transphobie, etc.
