Enfant, j’entendais autour de moi des parents menacer leur fils ou leur fille indocile, qui ne fichait rien à l’école, de le ou la coller, si tu continues comme ça, en pension, je t’aurais prévenu·e. Mettre en pension, chez les curés, je comprenais: envoyer l’enfant loin de sa famille, de ses parents, de ses frères et soeurs, dans un lieu inconnu sans liens affectifs avec personne, voilà la punition puisque c’en était une. Une sorte de mise au coin géante. Du côté des parents, je comprenais leur désir de tranquillité par la délégation à d’autres de la corvée éducative, j’aurai enfin la paix. Aujourd’hui, on commence à mieux connaître ce qui se passait (passe) dans ces pensionnats, et je suis convaincue que les adultes de ma jeunesse, né·es avant les années 1950, le savaient très bien. De quoi menaçait-on l’enfant? De violences physiques, de violences sexuelles, de mauvais traitements de toutes sortes infligés par des étrangers tout-puissants, parce que l’enfant l’avait mérité par son mauvais comportement et pour son bien. Dans ma famille, ces menaces sont restées des mots, heureusement. Le seul à ne jamais avoir menacé personne d’un tel châtiment, c’est mon père qui, lui, l’a vécu de l’intérieur, le pensionnat.

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