Ça commence à se voir que les groupe éditoriaux, dans leur recherche effrénée du best-seller et du prix littéraire, ne font pas ce que le public pourrait attendre de maisons d’édition: un travail qui serait aussi tourné vers l’intérêt général. Produire des livres et les vendre n’est pas un commerce ordinaire. Mais l’impératif de rentabilité, l’obsession du profit, conduit à privilégier les auteurs-vedettes, à l’ancrage politique parfois nauséabond, et les sujets à la mode. D’autant plus quand la holding est dans les mains d’un réactionnaire militant comme Bolloré qui fait de ses marques des armes de propagande. Ceci a été pertinemment rappelé, hier, par Annette Wieviorka qui a encouragé l’assistance à soutenir l’édition indépendante, parce que c’est hors des gros groupes que l’on trouve aujourd’hui et probablement plus encore demain, l’édition de résistance. Nous étions au Mémorial de la Shoah, venu·es écouter l’autrice de Louna, cette biographie d’une Juive de Thessalonique, survivante de la déportation, écrite en grec par l’historienne Rika Benveniste (traduction Loïc Marcou). Cet ouvrage important pour la mémoire de la Shoah a trouvé sa place dans le catalogue des éditions Signes et balises, et chaque participante à la table ronde de souligner la rigueur professionnelle alliée à la bienveillante écoute d’Anne-Laure Brisac. C’est une éditrice qui aime ses livres, a dit, je crois, Henriette Asséo. Dans ce moment où le brouillage mémoriel, le tripatouillage historique et le négationisme se commettent de manière obscène par l’extrême-droite internationale, on voit toute l’importance de publier et rendre accessible les travaux d’historien·nes exactes et fiables. Soutenir l’édition indépendante d’accord mais comment faire quand il n’y a, la plupart du temps, pas de relais médiatique et peu de présence des livres dans les librairies? Eh bien, il faut chercher, questionner autour de soi. Notre travail de lecteurice ne doit pas se satisfaire du tout-venant placé sous notre main, mais commence par l’effort de se renseigner pour choisir ce que l’on a vraiment envie de découvrir. Lire est un verbe d’action.
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