Des amies viennent dîner à la maison, repèrent Maus dans la bibliothèque et me disent, tiens tu as le livre interdit aux États-Unis. J’avais entendu parler de ces interdictions, mais j’y avais trop peu prêté attention, croyant qu’il ne s’agissait que de lubies de vieux réacs locaux sans vrai pouvoir. Trump revenu aux affaires, la censure s’abat de tout en haut, avec fracas. Ce serait après la défaite de Trump en 2021 que les réacs auraient commencé à interdire dans les écoles des livres destinés à la jeunesse et qui traitent des sujets liés au racisme, aux LGBT, au respect des différences et des libertés. Ne pas exposer les jeunes esprits à l’indépendance et aux connaissances scientifiques qui développent la pensée critique, les formater aux “vérités” chrétiennes et droitières en diffusant dans les familles la propagande anti-woke, c’était préparer le terrain pour un retour en force du vieux mafieux suprémaciste. Avec l’interdiction de Maus, le passage de l’anti-wokisme au négationisme est acté, la mémoire de la Shoah doit disparaître au moment où un génocide se perpétue en Palestine et l’on comprend l’intérêt des suprémacistes à effacer l’histoire quand tout ce à quoi ils aspirent est un nouvel impérialisme capitaliste chrétien masculin blanc. On voit comment la mémoire de la Shoah, vive au moins chez celles et ceux qui ont grandi au XXe siècle dans le traumatisme collectif de ce crime impardonnable, loin d’être un élément de compréhension de la violence armée démesurée dont use le gouvernement israélien contre la population palestinienne, favorise la sensibilité aux crimes contre l’humanité, le refus absolu des génocides.

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