Hier, le fis peintre demande au fils étudiant s’il est toujours intéressé par la psycho, s’il va poursuivre ses études dans cette voie, finalement. Mais il n’est qu’en L2 et d’ici le master il y a un an et demi, une éternité. L’étudiant philosophe soupire que oui, ça l’intéresse toujours, mais qu’il verra ce qu’il pourra faire en fonction du contexte politique général, de l’évolution de la situation, il dit qu’il choisira, s’il le peut, au moment où il faudra choisir parce que la seule chose qui est sûre, c’est que ça ne pourra pas rester comme ça encore longtemps cette société là. Avoir vingt ans en 2025, c’est ça, ne pas pouvoir se projeter dans l’avenir quand on a la conscience vive de vivre sur un volcan qui gronde, de vivre au seuil de ce qui vient, dont on ne connaît pas les contours, mais juste son potentiel de violence et d’effroi et peut-être, mince mais lumineux, d’espoir. Être mère d’un garçon de vingt ans aujourd’hui, antifasciste, c’est, à chaque fois qu’il sort, redouter qu’il ne croise un nazi revendiqué armé d’un couteau.
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