Ce soir, j’ai dans l’oreille l’écho d’une voix de femme, lointaine, que je ne reconnais pas mais la mélodie est celle du temps des cerises. L’air, peut-être, que jouait le fils artiste quand il apprenait à manier une contrebasse taillée à sa mesure d’enfant, la voix surgissait du frottement de l’archet contre les cordes, un peu tremblante, étirée, muette des paroles qui sonnaient pourtant dans ma tête. Ou bien la voix de Cora Vaucaire vibrant entre les murs de la classe quand nous apprenions le futur simple dans le texte de Jean-Baptiste Clément, à trous. Ou encore, la voix de l’actrice qui joue la domestique du docteur Gachet dans le film de Pialat sur les derniers jours de Vincent à Auvers, et c’est la scène la plus émouvante du film quand, à la fin d’un déjeuner de campagne, la mère se lève et chante le temps des cerises en hommage à son fils mort en communard.

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