Gueuler les pieds dans le sang, danser sur les cadavres, devant les caméras du monde, dresser le bras droit: ovations d’une foule. Viva la muerte, celle des autres. Dans nos bleds d’Europe, ça fait rêver plus d’un caudillo, le modèle Trumpmusk. Suffit d’être milliardaire, masculiniste, suprémaciste, toxicomane, pas bien compliqué. Dans l’après-midi, j’étais penchée sur Ponge et son mimosa. Nous l’avons examiné à la loupe, haletants face à la complexité d’un texte à l’apparence légère du mimosa. Je quitte l’élève épuisée mais emplie de la force du langage de Ponge. Le soir sur l’écran: hurlements et salut fasciste. Ceux et celles qui n’ont pas Ponge en compagnonnage, comment font-iels? Celles et ceux qui s’usent en journée dans des boulots sans intérêt ne leur permettant pas de bien vivre et qui le soir reçoivent en guise de divertissement le spectacle de la catastrophe qui vient, qui est déjà là, où puisent-ils le courage de se lever le matin? Matins bruns et blêmes, jours répétés du combat contre l’invisibilisation, la destruction de soi, soirée à contempler la fête des marchands de mort dont les lumières éclairent noir.

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Thème : Overlay par Kaira.