Dans cette période de la sortie d’un livre où l’impatience et l’excitation le disputent à l’angoisse de l’échec. Le texte a pourtant été lu, relu, retravaillé en détail et je sais que je peux m’appuyer en toute confiance sur le jugement de mon éditrice. Mais voilà, on ne se refait pas et l’inquiétude est inscrite dans les replis de ma peau. Désoeuvrée entre deux trains ce week-end, je me suis amusée aux selfies, l’appareil a capté un regard sombre, des rides creusées par le plissement du front, une bouche fine, tordue. L’autre nuit à Royan, peu de sommeil. Intranquille après avoir distribué les premiers livres (imprimés mais pas encore commercialisés). Au réveil, une voix résonne dans ma tête, une voix que je n’avais pas entendue depuis des décennies, celle de ma grand-mère; il y a bien des fantômes dans cette ville. C’est le métier qui rentre, me lance ma grand-mère, ce qu’elle me disait, moi petite, m’encourageant ainsi à grandir sans trop me formaliser des inconvénients du principe de réalité. Le métier qui rentre, surmonter l’angoisse d’une nouvelle parution. Mon amie Véronique, qui m’a accueillie en résidence l’an dernier, a lu le roman d’une traite et l’a trouvé bon. Je commence à respirer mieux, c’est l’air de l’océan.
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