Le fils philosophe m’apprend que les inondations de Valence auraient tué de nombreux chauffeurs Uber ou autres compagnies de taxi sans foi ni loi. Qu’on envoie à la mort des travailleurs précaires pour une poignée de bénéfices ne m’étonne plus, c’est même l’origine de l’accumulation du capital, le sang des ouvriers et ouvrières qui n’ont rien gagné à troquer le bleu de travail pour la chemise blanche. Ces entreprises qui font leur beurre de la mort de celleux qu’elles exploitent ont des sites internet dégoulinants de haute éthique et moralité, cette fausse parole de notre temps dont la violence impitoyable se cache sous des sourires retouchés. Il nous faut réapprendre ensemble la désobéissance, qui est possible quand elle est collective et solidaire. Bien sûr, il y a des résistances au patronat, à l’actionnariat, des grèves longues qui aboutissent quelques fois sur des victoires. Mais trop rares. Désobéir en se retirant du jeu criminel dont on est toujours le perdant, mais comment alors payer les factures et remplir le frigo? Ça tourne en rond sans qu’on n’ait encore trouvé la solution pour briser le cercle. Les révolutionnaires d’aujourd’hui rabâchent des mots d’hier, vidés de leur force. Seul, peut-être, Bartleby demeure invincible, I would prefer not to.
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