Parenthèse de trois jours à Bègles; travail sur les épreuves du roman à paraître en janvier, dernière relecture, préparation d’un peu de matériel de promo: extraits lus, vidéo de présentation argumentée. J’avais bien besoin de me tirer d’ici, retour avec l’angoisse que connaissent celles qui, rentrant à la maison, n’y trouveront pas havre de paix et de repos mais un problème de plus en plus envahissant. Hier, je regardais les gens autour, dans le train ou le métro, j’entendais leur envie d’être chez eux, leurs projets pour le lendemain matin, et calculais combien de temps j’avais été privée de cette banale insouciance qui n’apparaît ce qu’elle est, un trésor, que quand elle vous est confisquée. Dix ans de couple avec un homme toxique, cinq années d’alcoolisme du fils égalent quinze ans, trois bails mais le compte n’est pas clos. Je ne sais plus comment prendre ce qui nous arrive; la plainte me lasse, la colère me consume, la tristesse me noie et l’autodérision ne me soulage qu’un bref moment. L’éditrice m’a fait remarquer la fréquence du mot boîte dans le manuscrit, que le traitement de texte s’obstine à écrire sans accent et qu’il faut corriger. Boîte. Je vis dans une boîte une vie boiteuse, et l’écris indéfiniment.
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