J’apporte aux enfants que j’entraîne à la lecture ce livre pop-up trouvé dans une boîte à livres, que j’avais pris pour eux. Des frères qui ne manquent de rien mais n’ont pas de superflu, tous deux en difficulté à l’école. J’imagine importants les efforts financiers faits par la maman pour payer la facture mensuelle à l’entreprise de cours particuliers qui m’emploie. Je leur tends le livre sans rien dire. Emerveillement des deux à voir les lions, autruches ou zèbres surgir des pages, joie à tirer les languettes pour animer les figures, curiosité quant à la fabrication, déception à la dernière page, ils en voudraient d’autres. Émerveillement, de mon côté, devant l’enfance qui demeure l’enfance malgré tout ce que le monde adulte inflige aux enfants. L’autoritarisme politique, la guerre économique, la guerre armée, font leurs premières victimes des enfants réduits au silence et à l’acceptation des violences qu’iels subissent. C’est infâme à Gaza, c’est infâme ici comme partout. Le désir de fascisme que l’on perçoit ça et là, se manifeste par des propos librement racistes, mais aussi par des condamnations concernant les enfants, les adolescentEs. Haro sur les oppriméEs, les sans défense, celleux dont les droits sont ouvertement bafoués. J’éprouve souvent du découragement, de l’impuissance; mais l’enfance ne renonce pas.
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