Vu pour la première fois hier, le Moderato cantabile de Peter Brook. Plaisir (ou confort?) de me trouver devant des images pensées, composées, éclairées, soignées, des plans larges et souvent fixes. Est-ce une question de génération? D’avoir grandi avec ce cinéma où chaque image est une photo? La première scène est saisissante, de la leçon de piano que l’on impose à l’enfant malgré les cris et les bruits conséquents au crime juste en-dessous, invisible. Les images du port de Blaye, des grues, de la ville de province en décomposition. la bourgeoisie malade, les ouvriers qui se ruent de l’usine au café. Le temps, figé, qui ne s’écoule pas car aucune vie n’est possible. Il y a aussi, rupture d’époque, ce malaise lié à la romantisation du féminicide, cette insupportable passion, au centre des textes de Duras, qui tue les femmes trop (mal) aimées et que les autres envient, moteur unique de toute histoire. Mais la beauté des scènes, vibrantes d’amour vrai, entre la mère et l’enfant.
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