Ce qui m’attache à ce pays, ça n’est pas le pays mais des gens et la langue. Une poignée de proches et celleux rencontrées aux hasards des goûts partagés et des compagnonnages. La langue qui m’a fait grandir, qui aurait pu être différente si née ailleurs, un hasard encore, doublé de la paresse à en apprendre, vraiment, une autre. Quelques proches et la langue, c’est pourquoi je me sens plus à mon aise autour du poêle à bois et d’une tasse de café dans la baraque des amiEs roms que dans les salons dorés de la république où, heureusement, on oublie de m’inviter. Mais les RoumainEs disent leur amour pour cette nation d’origine qui les a pousséEs à l’exil sous la menace du racisme et de la pauvreté. Je ne sais pas plus ce qu’est le sentiment patriotique que le sentiment religieux, ces domaines du sensible et des idées ne me concernent pas. Je n’ai pas d’admiration pour l’histoire de France pleine de crimes et d’injustices, si les paysages sont beaux, la beauté est partout chez elle quand elle n’est pas détruite par la guerre. L’exil, je le ressens sans avoir jamais dû m’exiler. J’ai la nostalgie du pays sans frontière, sans armée, sans lois, sans pouvoir où chacunE y parle la langue qu’il aime, où toustes se comprennent.

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Thème : Overlay par Kaira.