Une nuit blanche, j’allai reconquérir le terrain perdu des rêves. J’allai par le sentier de la falaise manger à même l’ortie, la fleur assassine. Tu me disais absence ; que croyais-tu m’apprendre sinon l’impossibilité de ta présence auprès. Ce rêve enfui parmi le roulement de l’eau. Partir, partir dans la nuit blanche mais les draps étaient une corde nouée à mes jambes. Nuit sans sommeil. Je savais la voie lactée traçant chemin de lumière dans le ciel marocain, plus tangible que tous tes mots ramassés. Dans le noir de la nuit m’enfuir, le début du chemin dessiné dans la tête. À travers la nuit blanche mêlée au sang de nos soupirs, nous construisions ce mur entre nous lentement et sans étoiles, sans vie. Effritement de nous deux trop serrés abrasés. Partir dans la nuit blanchie du matin, il fait froid, des passants frissonnent sous les parapluies, les portes du métro claquent.
(texte publié dans la revue en ligne Les Villes en Voix, numéro de septembre 2024 Nuits Blanches)