Je voudrais pouvoir écrire la joie puisque la tristesse qui nous est imposée est encore instrument de notre asservissement. Mais voilà, je relève dans ma boite le premier catalogue de jouets de Noël et la nausée me prend plus fortement que jamais. Enfant cibles et victimes des guerres, tuéEs par nos bombes, enfants de là-bas qu’on reconnait parmi les morts entassés à la taille petite du linceul. Ici on prépare la fête des nôtres, qui n’y sont pour rien, mais que notre lâcheté, notre cynisme, notre impuissance blessent chaque jour dans l’inconscient, dégâts psychiques qui seront peut-être le moindre de leur maux à venir. Je voudrais pouvoir écrire le bonheur. Un réconfort, une plaisanterie, une note optimiste. Je continue comme si ça pouvait continuer, je plante des bulbes qui fleuriront au printemps, je vais pour les cours particuliers, j’écris. Je tente d’obtenir des bourses, des résidences d’écriture comme l’imbécile court sur le tapis roulant, s’imaginant avancer. Je lis, parce que l’intelligence des autres est encore le seul fil qui me relie à l’espoir.
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