L’inondation a commis ses ravages sans fleuve ni lac débordant les rives, sans vague submersive, sans même une vraie tempête portant prénom, que l’on redoute, attend, qui explose et passe. L’inondation a vaincu par la seule force d’une petite pluie têtue qui s’accumule, imprègne, remonte par les égouts, se répand avec les rats, sape les bâtiments en érodant le toit. Quelques orages, pas plus. Du haut de l’avenue dévastée, je ne reconnais rien. Je cherche des repères ; l’enseigne du Low Cost, énorme ainsi posée sur le sol, tranche sur un tas de pierres grises, mais elle a été déplacée. J’identifie les restes d’un immeuble éventré où vivait un copain du fils dont les parents travaillaient à l’EDF. Où se sont-ils réfugiés ? Le soleil éclaire d’une lumière dure, crue, nette à s’en brûler les yeux, les bâtiments en vrac gisant au bord de l’avenue. L’inondation a fui comme une armée victorieuse, abandonnant derrière elle des monceaux de déchets enrobés de boue, les immeubles effondrés avec les glissements de terrain.
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