Entre deux chantiers, ce qui subsiste de la ville au XXe siècle, le long d’une nationale de banlieue à banlieue, carrefour du RER et de l’autoroute. Immeuble en briques rouges, la maison individuelle à toiture asymétrique qu’un contremaître a probablement construit de ses mains, qu’un autre (son fils?) aura fraîchement repeinte. Au loin, les tours blanches d’une cité. Moins de panneaux publicitaires qu’autrefois mais toujours cette impression de l’imminence d’une bascule. Le vieil immeuble, si vertical au bord du vide, on l’aurait trouvé laid – on trouve toujours laide cette superposition de parements bigarrés. Mais beau de son histoire qu’on imagine, celle des générations de familles ouvrières, de petits employés; ici, jamais de fortune même quand l’affiche du McDo indique la direction du golf. De plus en plus consciemment attachée à la banlieue, à ce qu’elle brasse de récits qui disent ensemble la vérité de ces lieux en marge, n’accrochant pas l’oeil des conducteurs arrêtés au feu. Il ne s’y passe rien, il y a tout à y voir
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