Le vieux Le Pen, sénile, perdrait la mémoire de ses crimes. Je me souviens de son portrait au bandeau noir sur les affiches électorales du temps où, enfant, j’interrogeais mes parents, intriguée par le visage du borgne. On m’en disait du mal, mais un mal contenu dans les limites étroites de son faible succès aux élections à une époque, les années 1970, où nationalisme était valeur sinon honnie du moins suspecte. On avait encore un peu la mémoire honteuse de la collaboration, du colonialisme et de la guerre d’Algérie. Cinquante ans plus tard, le vieux tortionnaire n’a pas crevé mais s’éteint tranquillement devant les chaînes de télévision au diapason de l’idéologie de son camp, l’extrême-droite. Et sa fille, promue marionnettiste en cheffe, tire les ficelles du pantin sans colonne vertébrale qu’on nous inflige en premier ministre, sans trop se soucier du procès en corruption où elle comparaîtra avec vingt-trois présumés fraudeurs de son parti, le premier de France (dit-elle). Pendant les affaires, la vie des gens continue et les esprits se préparent au pire. Le fils enfin sorti de prépa pour rejoindre les bancs mieux accueillants d’une université déclare qu’il faut qu’il en profite, de sa fac tant aimée, parce que le ministre voudrait sa fermeture, pour raisons politiques.
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