La littérature ne remplissant pas le frigo, il me faut aller chez les uns ou les autres délivrer quelques cours particuliers de français dans l’espoir de payer mes factures. Je remarque l’absence de livres et de bibliothèques chez les gens, je m’en étonne, mais le fils rétorque : as-tu visité leurs toilettes? C’est pourtant là, selon lui, que sont les livres. Il me donne plusieurs exemples, encore samedi soir chez des copaines, son amie revient ravie des petits coins en lui tendant Orlando de Woolf, qu’il cherchait à lire. Suffisait de passer aux lavabos. Autrefois on réservait les lieux d’aisance aux romans de gare, policiers ou érotiques, tandis que les grands auteurs s’étalaient au salon. Aujourd’hui La Recherche somnole dans l’ombre de la tinette. La littérature aux chiottes? Pas de vulgarité, seulement au placard.
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