Hier, visite aux amiEs roms. Cruel comment la routine sépare ceux qui habitent à deux pas, et qui s’aiment. Je calcule que notre dernière rencontre remonte à un an. Je les trouve inquiets, impuissants. Leur fille en pleine crise d’adolescence leur en fait voir. Comme tous les parents, inquiets mais d’autant plus impuissants que tellement précaires. La grande était au collège, je ne l’ai pas vue. Qu’est-ce que je peux faire? Lui parler bien sûr même si ça ne changera rien mais oui, lui parler. Je l’ai connue à quatre ans, elle en aura bientôt treize. Nos vies à nous cogner dans des murs, quand l’un s’efface un autre se dresse, plus épais encore. Ce mur que l’ado doit franchir sans trop se blesser, c’est un mur d’épines. Ne le sait pas. S’écorche par jeu, par rébellion. Les parents tremblent, elle se fâche, elle rigole puis elle file. La maman me raconte l’histoire d’une fille partie comme ça, et puis elle tombe et elle meurt. Elle mime le mouvement de tomber en avant, les bras tendus, la tête qui roule.
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