Hier, lisant un livre acheté seconde main (et probablement plus), Jean-Loup Trassard dans l’édition originale de 1987, retrouve le geste et les impressions liées à ces volumes de la collection blanche chez Gallimard qu’aujourd’hui je fréquente peu – réserve mes quelques sous aux maisons indépendantes, sinon c’est les poches. Plaisir de l’occasion facile: retrouver l’accès aux éditions grand format. Un après-midi à lire Tardifs instantanés, qui parut à une époque, pour moi celle des études, de la lecture beaucoup, de la découverte d’auteurs de la génération d’avant, enfants de la guerre, ou celle d’avant, enfants de la première guerre, cependant mes contemporains. Je retrouve le toucher, lisse, un peu froid, à peine collant, d’un exemplaire de la collection blanche quand les couvertures étaient vernissées. J’ai aussi, sous ce même vernis jaunâtre, les quatre volumes de La Règle du jeu, imprimés dans ces années-là. La couverture satinée, les pages intérieures mates presque pelucheuses, les blocs de texte compacts mais aérés, le toucher, l’aspect graphique – manque l’odeur de l’encre, volatilisée -, je retrouve par les sens l’attitude mentale qui était la mienne alors. Curiosité vive, impatience de me plonger dans un texte dont je sais d’avance qu’il modifiera mon rapport à moi-même, à ce qui m’entoure, m’ouvrira de nouveaux sentiers de lecture, des inventions d’écriture. Cette attitude mentale d’ouverture et de confiance, que j’avais devant ce qui faisait l’actualité littéraire, s’est émoussée avec le temps et les désillusions. Mais ces retrouvailles de quelques heures avec celle que j’ai été à vingt ans, m’ont donné l’envie de secouer les puces du passé, d’aller voir d’un peu plus près notre actualité littéraire, celle de la génération d’après.
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