Jeudi, c’est à la fin de notre bobun que l’annonce de la nomination du premier ministre s’est répandue dans le petit restau coréen. Nous demandons confirmation du nom aux gérants des lieux, assis autour d’une table avec d’autres, qui en parlent. Tandis que nous hésitons entre éclat de rire et silence funèbre, un homme se tourne vers nous, déclare qu’il est d’origine serbe et naturalisé, que ses enfants et petits-enfants sont Français et que toute la famille a voté aux législatives pour Bardella. L’amie qui m’accompagne s’insurge, lui dit qu’il se trompe, qu’il a voté contre ses intérêts. L’homme est sûr de lui, déclame contre les étrangers qu’on accueille dans notre pays mais qui foutent le bordel, volent, violent et tuent. Les gérants chinois du restaurant manifestent leur désaccord avec politesse et retenue. L’amie me raconte que lors d’un rassemblement anti-RN sur la place de la mairie, un homme à vélo s’est arrêté près d’elle, lui a confié être Marocain et ne pas comprendre ces manifestations, il est normal, selon lui, de défendre son pays. Il y a, dans l’attitude de se jeter volontairement dans la gueule du loup, de l’incompris. Mais pour dissiper cela, il faudrait une conversation, une vraie, pas un échange de slogans et concours du plus fort en gueule.

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