Pousser mon pion, jour après jour s’accommoder du visage qu’ils tendent. Leur sourire grimace, leur dents blanchies, leur coupe impeccable, depuis longtemps plus de télé pour m’épargner au moins ça, les voir. Pousser mon pion dans le défilé des heures en rongeant le barreau du piège dans lequel la naissance m’a prise. J’aurais beaucoup rêvé. De ce qui pourrait être, si seulement, il suffirait de peu; mais les bras se baissent à peine un frémissement vers l’avant, pour saisir quoi? Pousser mon pion sur le mauvais échiquier, celui qui ne mène à aucun podium. Souviens-toi, tu n’as jamais désiré le podium. C’est vrai, ou peut-être un déni. Pousser les mots sur les lignes, tisser des fragments grossiers que le travail affinera; effacer toute trace du labeur, obtenir ce voile fin qui ondule au vent comme plisse l’onde pure filant à travers la page. Mais toujours, ça échappe.
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