Un manuscrit terminé, acceptée par l’éditrice – il y encore du travail, des boulons à resserrer, le moteur connait quelques secousses qu’il faut régler, mais cahin-caha, ça roule – et déjà depuis quelques semaines mes idées, pensées, désirs se tournent vers le texte d’après se dessinant dans les ultimes soubresauts du précédent. Envie d’une forme moins dense peut-être, plus aérienne certainement, moins collée à la terre, les mains dans l’argile, mais je ne suis pas maître chez moi et c’est bien l’écriture qui décide quel chemin m’embarque à chaque fois, jamais bien loin finalement de mes premières marches. Ce que je devine c’est la forme imprimée, l’aspect concret des pages, la forme des lignes, des paragraphes, à l’imitation de tel ou telle dont j’admire le travail mais en m’en détachant aussi; comme si le livre était là, présent dans sa matérialité, avant d’en avoir écrit l’incipit. Tout est question de forme, on le sait, et chacune se défend comme elle peut dans l’éternel lutte avec l’ange.
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