Plus que le découragement, l’anxiété ou la colère, le sentiment qui prédomine, quand je questionne l’une ou l’autre sur sa vie du moment, est la tristesse. Tristesse qui dit l’impuissance dans laquelle nous nous trouvons à mettre fin aux situations insupportables, proches ou lointaines, dont nous sommes au moins témoins sinon partie prenante, impliquées d’une manière ou d’une autre. Tristesse devant l’impossibilité à rendre l’autre heureux avant de penser à soi-même, et les enfants surtout. Me reviennent en mémoire ces réflexions souvent citées de Deleuze sur l’intérêt des pouvoirs établis à nous communiquer des affects tristes diminuant notre puissance d’agir. Jamais, je crois, nous n’avons ressenti l’imposition de la tristesse à ce point critique. Importance de l’amitié, qui nous tire hors de nous-mêmes, hors de la solitude inhérente à la tristesse, l’amitié nous répète que nous ne sommes pas isolées mais reliées et que toutes nos tristesses mises ensemble ne font pas une montagne d’affects tristes mais peuvent être les prémisses du retour de la joie.
Suivre