Nuit de sommeil depuis très longtemps, et du soleil au réveil. On pourrait se contenter de si peu, je m’en contente au moins pour l’heure qui suit, à moins que. Vivre avec un enfant malade est épuisant, même quand cet enfant n’en est plus un. Au bout de quatre ans, on a déjà essayé beaucoup de pistes, qui se sont révélées des cul-de-sac ou bien des sentiers praticables mais sablonneux qu’il faut accepter de parcourir à vitesse lente, et parfois la sente s’interrompt, il faut inventer autre chose pour traverser l’abîme qui s’est ré-ouvert comme une plaie dans ce qu’on croyait chemin de guérison, qui l’est peut-être après tout. La maladie psychique a ceci de particulier qu’elle agace. On a beau savoir, devant la récurrence des symptômes, l’usure qu’ils imposent aux personnes autour, on tombe soi-même dans le panneau du simplisme, la pédagogie du coup de pied au derrière: qu’il se bouge! qu’il se trouve un travail, un logement! Non, ça n’est pas ça. Je le sais. Du travail il en a un puisqu’il est peintre. Un logement il en a eu un. C’est la maladie du trois pas en avant, deux pas en arrière ou parfois quatre. Soi-même, lutter pour ne pas sortir trop altérée de cette période dont je crois encore qu’elle finira, qu’il y aura du mieux, que mon garçon trouvera un équilibre pour vivre avec ça puisque ça lui est tombé dessus, à lui. En sortir sans se détester soi-même de ce qu’on lui dit quand on n’en peut plus, que le mal qu’on ressent doit s’épancher par des mots mauvais qu’on regrette aussitôt mais dont on ne peut pas faire qu’ils n’aient pas été dits.

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Thème : Overlay par Kaira.