Quand j’étais enceinte de mon premier fils, son père m’a frappée plusieurs fois. Je me revois repliée sur le lit, protégeant mon ventre, et l’homme me frappait sur le dos avec sa main. Un jour je me suis redressée et j’ai répondu aux coups, j’ai cogné sa main avec mon poing. Il a dû être plâtré. Il aurait pu m’accuser de violences, lui avait une fracture et moi je n’avais que mes mots pour me défendre. Me serais-je même défendue? À l’époque je ne parlais de ce que je vivais à personne, je faisais semblant que tout allait bien. J’ai mis longtemps à pouvoir en parler, à demi-mots, en résumé, pas dans les détails. Après ceci, il a persisté dans la violence psychologique, verbale mais je crois qu’il n’a plus levé la main sur moi. La violence psychologique, celle qui détruit de l’intérieur mais ne laisse pas de traces sur la peau. Il était enseignant-chercheur. Qu’un procureur puisse s’étonner que la violence conjugale, intense, chronique, puisse concerner aussi les milieux intellectuels et favorisés, montre tout le chemin qu’il reste à faire. Grâce au mouvement #metoo ce chemin nous le traçons en le parcourant, nous ne nous arrêterons pas.
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