Bonheur du moment : consacrer une heure chaque jour à la lecture de la biographie de Kafka (Reiner Stach). Il est tentant de s’identifier au grand Kafka pour se consoler des vicissitudes du métier d’écrivain, nombreuses et constantes. Si Kafka connaissait les pannes d’inspiration, des difficultés à être reconnu et luttait pour conquérir du temps de concentration propre à l’écriture, ne serais-je pas un peu comme lui? Mais Felice Baeur m’intrigue. Voici une jeune femme berlinoise en visite chez un cousin de Prague qui croise en soirée l’ami de ce cousin, un jeune écrivain obscur. De retour à Berlin, des lettres arrivent, elle répond (par politesse?). D’autres lettres encore, qui exigent réponses, une, deux, par jour. Une relation s’engage à 350 kilomètres de distance et ça dure. Je l’image scruter ses portraits pour ne pas oublier à quoi il ressemble. Les lettres sont intenses, étranges, inquiétantes parfois, Felice tient bon. Je l’imagine se demander pourquoi comment cette aventure lui est tombée dessus. À Berlin elle doit encore soutenir une famille chaotique et travailler à temps plein dans l’entreprise de matériel phonographique. Sur des photos on la voit manipuler un dictaphone ancien modèle dit “parlographe” machine technique à fouillis de câbles et manivelles. Existe-t-il des enregistrements de la voix de Felice? Elle lit Ibsen, elle aime danser toute la nuit. À cette femme pas si ordinaire, nous devons, des dires-même de Kafka, un texte essentiel : Le Verdict.

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