Je n’ai pas le goût des messes officielles. La France aime à célébrer ses grands hommes figés en icônes, un jour c’est Napoléon, l’autre Simone Veil en passant par Johnny ou Victor Hugo, chacun, chacune est censée y trouver son compte, pas moi. Hier Missak et Mélinée Manouchian entraient au Panthéon dans des conditions qu’iels n’auraient pas considérées acceptables. Passons. Ces moments émouvants font oublier l’essentiel : Missak et ses camarades n’auraient jamais dû être exécutés, comme les 65 millions de victimes mortes d’une mort violente dans une guerre mondiale qui n’aurait pas dû avoir lieu. Mais des gens de pouvoir, mais des gens d’affaire ont trouvé à Hitler des qualités et dans ses idées impérialistes et racialistes un confort favorable à leurs intérêts, entraînant les populations dans le désastre qu’on sait. Ces mêmes gens de pouvoir, d’affaire, ou bien leurs clones d’aujourd’hui, érigent des statues à des hommes, moins souvent des femmes, qui ne s’étaient pas rêvées en martyrs de vingt ans, mais auraient voulu vivre leur vie pleine et entière auprès de celleux qu’iels aimaient. Les second sacrifiant leur vie en conséquence de la veulerie, de l’impéritie des premiers. Gens de pouvoir et d’affaire qui écrasent d’une main sur leur joue une larme de crocodile, tout en préparant de l’autre main les prochaines boucheries collectives dans lesquelles iels précipiteront les populations invitées à méditer sur l’exemple de leurs ascendantEs massacréEs pour la grandeur de la France. Remarque faite indépendamment, bien entendu, du respect que l’on doit aux jeunes gens de ce pays, à tous celles et ceux qui se sont élevés contre l’occupant, contre le nazisme et qui étaient, somme toute, rares.

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