Difficile de tenir cet Au quotidien en respectant son titre, tandis que l’écriture en cours occupe l’esprit y compris la nuit où les scènes se font et se défont, les personnages dialoguent interminablement dans le crâne, éloignant le sommeil. Avec ceci de toujours un peu honteux, assez minable: s’enfermer dans ses propres fictions quand tout autour brûle et crie et meurt, supplient des voix qu’on entend à travers cette forme de mutisme que sont les discours officiels, la fausse parole, les éléments de langage convenus entre dominants, ces voix qu’on entend mourir, auxquelles on ne sait rien répondre sinon en exprimant notre profond désaccord avec l’incoercible. Nous voici donc embourbées jusqu’aux hanches dans les charniers de l’histoire, ceux de notre temps, qui réclament révolte mais ne récoltent que mots si impuissants qu’ils se figent en cercle de silence, en flammes de bougies faiblardes que le moindre souffle éteint.

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Thème : Overlay par Kaira.