Objet de ricaneries insistantes, dans le débat à couteaux tirés né du choix d’un plumitif d’extrême droite comme parrain d’une opération de sensibilisation des écoliers à la poésie, les mille signatures de poètes et poétesses sous la tribune contestataire. Mille poètes, ce nombre, suscite moqueries envers les “zozos”, les “cafards”, les “obscurs”, soit celleux dont nulle n’a jamais entendu parler et encore moins lu leur “oeuvre”. Mille poètes, c’est trop, car, disent les fins connaisseurs, pas plus de trois ou quatre poètes, mais des vrais, par génération. Mille poètes et poétesses auto-désignéEs, c’est Madame Personne et Monsieur Toulemonde qui se haussent du col et prennent leurs gribouillis du dimanche pour de l’art. On voit par là que l’Histoire n’enseigne pas la prudence. Qui peut nommer aujourd’hui les auteurs et autrices dont le travail s’imposera et comptera demain, pour les enfants de nos petites-nièces? Mais il en faut, apparemment, à chaque époque pour se précipiter vers l’erreur, avec l’ambition de rester pour la postérité comme celui ou celle qui affirme à Balzac qu’il n’a aucune qualité d’écrivain, ou qui prétend, de la prose de Kafka, qu’elle ne pourra jamais intéresser plus loin que la frontière bohême.

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