Un fils en prépa littéraire, milieu que je ne connaissais que par ouïe dire: chaque soir un relevé de l’ambiance pourrissante qui règne dans la classe et qu’il lui faut subir huit heures de long, quelque fois plus. Accusations de tricheries, sanctions sans preuve, dénonciations, paranoïa des profs, angoisse des étudiantEs dont les plus visiblement douéEs de réflexion, créativité, honnêteté, finissent par s’auto-exclure pour tenter de sauver leur psychisme de cette violence de moins en moins latente… On voit ce que ça peut donner comme prétendue élite cette pression à la servilité, au cafardage, à la tête bien pleine plutôt que bien faite, à l’académisme de la pensée, à l’ordre obéissant. Et ça n’est pas l’une des prépas dites les plus “prestigieuses” de Paris. Le fils s’en sort grâce à Foucault, Deleuze et Guattari, à la philo, à son désir de changer le monde, de ne pas se laisser voler sa vie, sa jeunesse. Je pense souvent à ce personnage de fiction, Arthur, que j’avais imaginé en prépa scientifique, et au beau dessin de Béa qui accompagne mon texte. Arthur, je ne supportais pas de le voir souffrir comme ça, alors quelques pages plus loin, je lui ai fait rencontrer Romain, l’amour et la beauté. Parce que les êtres que j’invente m’accompagnent aussi, je pense à elleux, je me demande ce qu’iels font et sont dans leur vie sans moi. (Arthur et Romain sont dans ce livre Blaise, Léa et les autres… avec les illustrations de Béa Boubé).

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