Première soirée de Noël, depuis assez d’années pour que le soulagement soit intense, avec le fils aîné, le peintre, plus tranquille (bien qu’essentiellement intranquille), sorti du cauchemar. Faute d’atelier, il travaille dans le garage de la maison, semble s’y trouver pas si mal. Travaille d’une manière régulière, ordonnée et réfléchie, d’une manière dont on sait qu’il naîtra quelque chose sur quoi construire la progression d’une œuvre. Ses obsessions l’ont quitté, qui l’empêchaient de vivre comme d’entreprendre quoi que ce soit, sinon d’éphémères bien que splendides tentatives. Il domine mieux ses paniques comme sa pratique. Pour lui le passage à la vingtaine n’a pas été le plus bel âge de la vie: “il est dur à apprendre sa partie dans le monde”, ces mots si vrais de Nizan. Ce monde est hostile aux hommes et aux femmes qui ont d’autre ambition que leur propre enrichissement sur l’exploitation des autres. Hostile, pas indifférent qui serait moindre mal. Avec les élèves de l’atelier d’écriture, vendredi, la discussion s’est orientée sur l’aspect politique des textes qu’iels ont écrits. Une adolescente dit : mais tous nos textes sont politiques, écrire même est politique. Elle a seize ans, elle est noire, brillante, pourvu qu’elle se souvienne toujours de ses mots malgré les forces sociales mortifères qui voudront les lui faire oublier, non, renier.

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Thème : Overlay par Kaira.