Hier, je réagissais sur Facebook à un titre du quotidien Ouest-France : “On a besoin de la voix des artistes pour apaiser”, ces mots sont présentés comme une citation d’une interview de la Ministre de la Culture. Cette affirmation d’apparence anodine, ne l’est pas. Voyons le contexte : en Europe, l’extrême droite installée au pouvoir ou au seuil du pouvoir dans nombre de pays, des dirigeants plus qu’inquiétants apparaissent/disparaissent/réapparaissent dans les Amériques, des guerres avec crimes de guerre commis notamment sur les civils partout dans le monde, des institutions internationales censées assurer la paix, totalement méprisées, bafouées, impuissantes, des politiques anti-sociales, le racisme décomplexé, l’indifférence totale à la souffrance, aux tortures, à la mort, des réfugiéEs… Dans ce contexte, pourquoi aurait-on besoin des artistes? Pour apaiser, selon Ouest-France et/ou la Ministre, c’est-à-dire selon le dictionnaire: ramener progressivement à la paix, calmer, revenir au calme. Quand on sert à quelque chose, ça signifie que l’on sert quelqu’un. Voici l’utilisation politique du travail artistique, calmer la population. Servir le maintien de l’ordre. Autre élément de contexte: la multiplication des situations de censure à bas bruit. “Par crainte des débordements”, artistes et intellectuelLEs, sont interditEs de se produire, d’intervenir publiquement, parce qu’iels se revendiquent de la gauche, parce qu’iels défendent les droits de la population palestinienne, ou pour n’importe quelle autre raison qui froisse unE éluE. Les artistes ne travaillent pas pour apaiser, mais c’est pourtant ce que les pouvoirs politiques leur demandent, ces mêmes pouvoirs qui tiennent dans leurs mains l’argent public destiné à subventionner des artistes qui n’arrivent pas, sans cela, à vivre de leur travail.

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