La pression commerciale liée à la rentrée littéraire et aux prix d’automne va s’alléger quelques semaines, avant la reprise du matraquage publicitaire en janvier. Parce que j’ai moins de patience avec l’âge, parce que la situation politique et humanitaire globale rend d’autant plus obscène toute injonction à dépenser nos quelques sous comme l’ordonnent les services marketing des groupes éditoriaux, la période m’a parue particulièrement longue et vomitive quelle que soient les qualités des auteurices sur lesquelles les maisons d’édition parient pour engranger de gras bénéfices. Ma rencontre avec les textes ne s’est jamais faite de la sorte, sur prescription commerciale, mais de l’une à l’autre, en furetant dans les bibliothèques privées et publiques, par cheminement de curiosité, d’intérêt, par capillarité. La lecture reste une expérience intime, n’ayant d’autre impulsion que la découverte de l’univers particulier d’un auteur ou d’une autrice, de sa langue, du cheminement de son oeuvre. C’est peut-être cet enrôlement forcé des consommateurices dans le succès d’un titre en terme de chiffres de ventes, qui les dégoûtent des livres et de la lecture, je ne sais pas. Je me sens vivre dans une réserve d’ultimes Mohicans où l’on s’échange les livres discrets et les écrivainEs qui échappent au vedettariat. Heureusement iels sont les plus nombreux. En dinosaure échappée du XVIIIe siècle, je réussis même à faire censurer mon dernier livre, le faire interdire de présentation dans une médiathèque parce que son contenu est jugé trop sensible politiquement par le maire. Expérience troublante de la porosité des temps. Cependant que l’ombre gagne, le spectacle continue.

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