Il nous faut aller de l’avant, tiraillées entre deux régimes de vie, de relations. Mercredi, j’étais à Narbonne avec mon éditrice des Editions Le Ver à Soie, Virginie Symaniec. Nous décidons de nous couper (relativement) des actualités internationales qui ne sont qu’une litanie de guerres et de crimes de guerre et de terrorisme sur fond de cataclysme climatique. Nous nous concentrons sur celles qui nous ont invitées à parler de l’édition indépendante, du travail de Virginie, de mes livres qu’elle a publiés. Nous nous rassemblons autour de ça, de ce que c’est que créer, inventer, produire du beau malgré les obstacles, et quand bien même les sujets abordés dans les textes sont loin de la fleur bleue. Il y a de la consolation et de l’espoir dans le fait même de travailler avec la résolution que donne l’honnêteté intellectuelle et la part de militantisme que contient toute action en écart avec la norme capitaliste, le vedettariat et la mêlée générale. Régime de l’échange spontané, franc, amical où se dessine un monde enfin vivable, désirable. Et puis partir, replonger dans l’autre régime, celui de la realpolitik des cadavres, où l’on ne se parle qu’avec le langage des armes. Pas le temps de se réjouir de ce que nous avons vécu avec les amies de Narbonne. Ce professeur assassiné dans son lycée.
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