Hier, le fils peintre a eu vingt-cinq ans. Depuis quelques semaines, je sens que c’est là, tout proche, qu’il est maintenant près de s’ouvrir à autre chose. Je crois, j’espère, j’ai l’intuition qu’il sort des cinq années de terreur qu’il a traversées. Je tente de calmer la joie de cet espoir dont j’espère qu’il n’est pas une illusion de plus. Je sais que mon fils demeurera toujours hypersensible, donc fragile dans cette époque de brutalité. Il est peintre, il n’a jamais fait que ça, peindre, depuis l’âge de treize ou quatorze ans. Le dépassement des addictions laisse place à un moment de flottement qui lui semble vide, des questionnements, de la déprime. Mais il reprendra ses pinceaux, ou fera autre chose. L’espace est plus vaste, plus léger quand l’alcoolisme n’est plus dans la pièce tel un hôte vorace, agressif, envahissant. L’alcoolisme est comme ces gars d’un film de Haneke qui s’introduisent chez des gens et “jouent” avec eux jusqu’à leur mort. Je sens que ça l’a quitté, laissant malgré tout, une ombre. Apprendre à ne pas avoir peur des ombres.
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