Hier, conversation pendant le déjeuner sur un sujet devenu banal : la police. Le plus jeune fils se met à raconter sa garde à vue, un soir de manif, dont il n’avait pas voulu parler jusqu’alors. Il décrit avec humour la cellule, et quelques figures remarquables parmi les hommes raflés qui ont partagé avec lui cette nuit au comico. Nous rions (what else?). Puis il enchaîne sur la police dans les beaux quartiers. Au printemps, nous dit-il, il est allé chercher son amie qui travaillait à Roland Garros. Les deux jeunes se sont assis sur un banc du 16e arrondissement, elle fumait une cigarette roulée. Une voiture de police les repère, s’arrête, les policiers en sortent et demandent à l’amie ce qu’elle fume, pourquoi elle cache son clop comme ça, est-ce qu’il y aurait du cannabis dedans? Elle nie. Ils veulent vérifier. Un des flics lui prend sa cigarette, la porte à sa bouche, aspire une longue bouffée, souffle la fumée puis lui rend la cigarette en affirmant qu’effectivement c’est du tabac. Je reste interloquée, demande au fils de répéter (WTF?). Le pire, peut-être, est cette réaction commune aux deux garçons qui s’écrient d’une seule voix: ah non, mais c’est rien, ça c’est vraiment rien. Dans ce pays, quand tu as des enfants de vingt ans, s’iels sont raciséEs tu sais qu’iels sont en danger de mort, s’iels sont non-raciséEs tu sais qu’il peut leur arriver n’importe quoi quand iels croisent la police.
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