C’est un ami d’un ami qui a perdu un œil à dix-neuf ans, et le jeune dit qui lui reste l’autre pour voir. Je répète au fils combien j’ai remercié le hasard (et l’amour) d’avoir fait qu’il soit ailleurs pendant les émeutes. Impossible d’imaginer le fils blessé, impossible d’imaginer le fils laissant les copains sans lui dans la lutte. L’œil pris à son camarade de camarade ça me fait des crampes dans le ventre, la rage brûlante. Gare à la revanche, les blessures faites à nos enfants se paieront d’une manière ou d’une autre. Nous sommes pacifiques, non violentEs, non sommes à la recherche de relations paisibles, d’égalité, de partage. Si nous sommes attaquéEs, l’honneur nous impose de nous défendre. La police violente ce pays et le ministre aux ordres jappe qu’il soutient. Nos enfants perdent un œil, une main, une partie du crâne, la vie. Ce que ça veut dire, abîmer l’intégrité de nos enfants parce qu’ils et elles sont, oui, avec nous les ennemis de ce pouvoir. Briser les corps n’est pas briser les volontés, le désir.
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