Cette impression que le XXe siècle a épuisé les possibles, les renouvellements des formes artistiques, que plus rien ne peut être inventé, que nous sommes condamnéEs à piétiner des sentiers si souvent parcourus, doit-elle nous empêcher de peindre ou d ‘écrire? Non, bien sûr. Je tente d’en convaincre le fils peintre, sans cesse en questionnement sur la valeur de son travail. Remercier les anciens, les anciennes, d’avoir ouvert des voies, défriché des terres inconnues, s’appuyer sur leurs découvertes pour porter nos pierres à nous, sinon plus loin, du moins là où nous devons les porter parce que c’est en quelque sorte notre responsabilité, porter une pierre, notre travail, là où est sa place dans l’ordonnancement global. Cette pierre, et sa place, ne nous sont pas données et nous errons notre vie durant, cherchant avec nos mots, nos formes, nos couleurs comme des aveugles tâtonnent dans des lieux pleins de gouffres. Je tente de le convaincre, que ses doutes sont nobles, sont la preuve qu’il avance même si sa pierre lui est difficile à porter. Mais il y a les réseaux sociaux, les milliers de likes des autres contre la poignée qu’il récolte. Il sait combien c’est superficiel et vain, mais c’est un cailloux supplémentaire alourdissant ses poches.
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